Gérard, pilier de notre territoire, nouvellement retraité, a régulièrement insisté pour que des jeunes viennent s’exprimer lors de la discussion engagée à la fin de la projection du film Tu nourriras le monde. Pourquoi des jeunes? Les jeunes, les moins jeunes, on est tous ensemble à porter un projet commun. Pourquoi vouloir systématiquement avoir un temps de parole catégorie jeune?
On est la relève, d’accord. Mais quand on regarde derrière, on voit tout le travail, tous les combats gagnés par ceux qui nous ont précédé. On se dit que ça ne va pas être facile de récupérer ce bagage, d’en prendre soin et de l’emmener plus loin. Alors on regarde devant nous et on a l’impression de devoir passer ce bagage par dessus un mur qui semble de plus en plus haut.
On est pas sûr de pouvoir supporter tant de responsabilités.
On ne sait pas forcément par où commencer ni comment exprimer notre engagement.
Et puis quand on s’installe, on a déjà fort à faire sur nos fermes. C’est peut être déjà bien si l’agriculture nous fait vivre.
Qu’est ce que nous en tant que jeunes on aurait de plus à dire que ce gars qui a déjà tout vécu ? Cette question m’a habité pendant plusieurs semaines.
Et puis j’ai repensé à cette phrase parce qu’elle devait peut-être tout résumer :
C’est bien si l’agriculture nous fait vivre.
Nous fait vivre, nous, les paysannes et paysans qui nourrissons le monde. On mérite bien d’être payés pour ça.
Mais l’agriculture doit aussi nous faire vivre, nous, les humains.
En nous nourrissant et en favorisant notre bonne santé, en dynamisant les territoires où nous nous implantons, mais pas seulement : en participant au maintien des conditions de la vie sur terre. La nôtre et toutes celles dont elle dépend. Une agriculture qui porte le seul progrès qui vaille : celui qui conditionne l’avenir.
Alors, on peut ne pas être toujours d’accord avec tout ce que dit la Conf’.
On peut ne pas aimer les syndicats du tout.
On peut ne pas savoir à quoi ils servent.
Mais si on se reconnaît dans ce projet, une chose est sûre : il n’y a que la Conf’ qui nous aidera à le porter.